lundi 31 octobre 2011


Solo, Alpes françaises

jeudi 27 octobre 2011


Marrakech

mercredi 26 octobre 2011


Typo manuelle pour “Le Petit Livre Rock” d'Hervé Bourhis. 

mardi 25 octobre 2011


Hommage à la “Love statue” de Robert Indiana.
Recherche pour la typo d'un livre. 

lundi 24 octobre 2011


Jemaa el-Fna, Marrakech

jeudi 20 octobre 2011


Buenos Aires 

mardi 18 octobre 2011


Patagonie. Soleil. 

lundi 17 octobre 2011


Paris

vendredi 14 octobre 2011

mercredi 12 octobre 2011


Paris

lundi 10 octobre 2011


vendredi 7 octobre 2011


New York 

jeudi 6 octobre 2011

 

mercredi 5 octobre 2011



Je suis d'un pays où règne le maître-vent à ses heures. La mer et la terre lui  sont également soumises, les hommes lui doivent la meilleure part de ce qu'ils sont. Je ne crois pas qu'il ait un seul habitant de ces parages, homme ou femme, qui ne soit redevable au vent, galerne ou suroît, de cette alacrité physique et morale qu'on appelle startijenn. Sans lui, beaucoup d'entre nous écouteraient probablement les voix insistantes de la fatalité qui susurrent d'abandonner toute entreprise et de s'asseoir au pignon de la maison pour attendre advienne que pourra. Mais le vent nous tient en joie et en souci. Il nous pousse dans le dos pour nous forcer à l'aventure quotidienne. Il nous gifle la face pour nous faire bander nos muscles et jurer les sept cents barriques de tonnerre. Il nous sale de pluie comme on fait de la chair des cochons de bonne race que l'on veut empêcher de pourrir. Ils secoue, il malmène, il bouscule, il nourrit notre carcasse de ses bourrades et notre esprit se tient en éveil, constamment agressif, aux aguets des coups durs et des revanches sur la vie. Comme il nous trempe le bougre ! Non, ce seigneur invisible n'est pas indifférent à nos gravillons humains qui lui encombrent l'œil. On peut dire qu'il nous aime si l'on en juge par la constance qu'il met à nous étriller. D'ailleurs, il est vivant, c'est tout dire, et fou déchaîné, ce qui nous convient parfaitement. Que deviendrions-nous sans lui ?

Du plus loin qu'il me souvienne, je l'entends qui mène son grand jeu par le pays. Il gronde, il siffle, il chuinte, il miaule, il sanglote, il s'étouffe de rire, il chante à travers les murs de galets et de pierres plates. Sur son passage claquent les ailes de moulins, les draps et les hardes qui sèchent sur leur fil, les lourdes robes des femmes, les rubans de leurs coiffes, les bannières des procession, les ardoises descellées sur les toits, le seau de Marie-Jeanne Kerveillant sur la margelle de son puits. Des sabots abandonnés sur un seuil s'entrechoquent avec des bruits de noix creuses avant d'aller baguenauder par le quartier. Dans les champs, les vaches s'arc-boutent sur leurs quatre pattes et présentent leur arrière-train au vent comme si elles voulaient se faire féconder par lui. Déjà , les petits pâtres sont mussés dans les arbres creux quand il s'en trouve, ou allongés dans l'herbe tout du long de leur corps. Quand ils se mettent debout, c'est pour jouer à se faire pousser par le vent, paletot déployé, sans autre effort que de manœuvrer les jambes pour garder l'équilibre. Je vous laisse imaginer quelle ivresse icarienne est la leur. Demain, les journaux marqueront que le vent a galopé à cent-vingt kilomètres à l'heure sur la pointe de Penmarc'h. Et Alain Le Goff me dira : "Cette fois-ci, le maître-vent est venu lui-même."

Regardez-le ! Autour des fermes, les bouquets d'arbres sont retroussés vers l'est par de terribles coups de peigne. On les dirait meulés sur la face qui reçoit la bourrasque. À part le chardon bleu des dunes, il n'est pas une plante qui ne plie sous le maître-vent. Et pendant qu'il y est, il fait le ménage du ciel à fond. Ce n'est pas le soleil qui en serait capable, paresseux qu'il est ! L'ombre des nuées dérive sur la terre dans les abois des chiens. Les gens doivent crier pour se faire entendre à deux pas. Quand la tourmente a cessé, ils se curent les oreilles, secouent la tête un bon coup pour reprendre leurs esprits. C'est alors qu'ils se sentent rechargés en startijenn. Il leur vient une envie de rire. Fade et vieux leur paraît le soleil.

Notre vent serait capable de souffler sans arrêt. S'il ne le fait pas, c'est parce qu'il veut jouir de son œuvre. Il a nettoyé la côte et la campagne. Les couleurs sont plus vives, les lignes et les volumes plus fermes. La lumière est aussi fraîche qu'au premier matin de la Création. Et voilà les Bigoudens qui naviguent dans tout cela, pareils à des poissons dans un aquarium dont on a changé l'eau. La voix de Corentin est plus profonde, celle de la grande Anne éclate en fanfare. Ils sont lavés à l'intérieur de la tête aux pieds.

Ce soir, le ciel est rouge sur la mer, d'un rouge inégal et mal baratté, mais étrangement immobile. En descendant au bourg, Henri Bruno a dit à Naïg le Dréau : "Il y aura du vent fou demain si la lune s'y met." Il faudra observer la lune tout à l'heure pour voir si elle est cerclée de loin ou de près. Mais la lune se moque rarement de l'horizon de mer. […]





Le 21 juillet 2011, je publiais sur le site www.patagonia2009un extrait, coupé, du Cheval d’orgueil, de Pierre-Jakez Hélias paru en 1975 dans la magnifique et sans égal collection Terre humaine. Voici l'extrait dans son intégralité.

mardi 4 octobre 2011


New York

lundi 3 octobre 2011


New York